Les essentiels du Sommet de l'Élevage Vendredi 10 octobre
Mercosur, « le coup de poignard dans le dos » de la Commission Européenne
Patrick Bénézit (à gauche) aux côtés des députés lors du temps fort sur le Mercosur.
Indéniablement, le « NON au Mercosur » a été le fil rouge de la profession agricole lors de ce 34e Sommet de l’Élevage.
Un accord « toxique », « déloyal », « destructeur », dans les allées du Sommet de l’Élevage tous les superlatifs sont bons pour dénoncer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
Alors qu’il prévoit de faciliter l’entrée de 99 000 t de viande bovine à droits de douane réduits, et de supprimer ces droits sur les 58 000 t du contingent Hilton (actuellement à 20%), aucune ligne n’évoque l’usage d’antibiotiques activateurs de croissance largement utilisés dans les pays d’Amérique latine. Le bien-être animal, l’environnement ou même la traçabilité sanitaire sont logés à la même enseigne. Impensable pour les éleveurs français.
Hier sur la scène de l’Espace Rencontres, Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine et de la COPAMAC a martelé face aux députés, invités à un débat public : « c’est un coup de poignard dans le dos de l’élevage français ».
Les députés largement opposés au Mercosur
Une proposition de résolution européenne transpartisane pour demander à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) de se prononcer sur « l'incompatibilité » de l'accord commercial UE-Mercosur avec les traités européens a été déposée par près de 80 députés français, le 15 septembre dernier. Malgré tout, la Commission Européenne maintient sa position. Jean-Pierre Vigier, député Les Républicains de Haute-Loire dénonce une manœuvre détournée : « on a sacrifié l’élevage français pour vendre des voitures et des avions ! » ainsi qu’un « déni démocratique ».
François Ruffin, député Écologiste de la Somme, s’oppose également à cet accord tout comme Pascal Lecamp, député Modem de la Vienne qui pointe l’irrégularité de cet accord « on ne peut pas faire de commerce international sans avoir les mêmes règles entre les pays ».
« C’est un accord qui date d’un autre siècle (…) le sacrifice, sans les bénéfices », conclut Loïc Kervran, député Horizon du Cher. Tous se sont dits prêts à combattre cet accord profondément injuste pour l’élevage français.
Des Fermiers en Or au service du goût
La remise des Fermiers d'Or s'est déroulée en deux temps mercredi et jeudi.
Difficile pour Aurélien Clavel de cacher son enthousiasme. Le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, élu référent du concours des Fermiers d’Or à la chambre régionale d’agriculture, l’a annoncé avec fierté : cette nouvelle édition du concours Fermier d’or a distingué 91 producteurs fermiers de la région Auvergne-Rhône-Alpes, primés en premier, second et troisième prix. Avec 266 produits en compétition, le choix s’est avéré complexe.
« Cette année, nous avons décerné bien plus de prix ex aequo qu’à l’accoutumée. Cela montre le professionnalisme des producteurs et le sérieux qu’ils mettent dans la transformation de leurs produits », affirme le responsable.
Tous deux associés au Gaec Chèvre’rit de Dardilly, dans le Rhône, Emmanuelle et Vincent Perra ont reçu le troisième prix pour leur tomme de chèvre, issue d’un élevage biologique d’une centaine de têtes, ainsi qu’un autre prix pour leurs saucissons de porc, entièrement produits, transformés et vendus à la ferme.
« Je ne sais pas si ces médailles nous apportent davantage de ventes, mais elles nous rendent fiers et rassurent nos clients quant à la qualité de nos produits », sourit Emmanuelle Perra. Pour la famille Bory, installée à La Ferme au cœur du Forez, dans la Loire, et lauréate du premier prix dans la catégorie « tomme pure chèvre », la fierté est tout autant partagée. « Nous la présentons depuis 2022 : il s’agit de notre troisième médaille d’or », confie Emmanuel Bory, précisant qu’une telle récompense permet à l’exploitation de « doper » ses ventes à quelques semaines des fêtes de fin d’année.
Ici le palmarès complet des Fermiers d'Or 2025
Installation-transmission : MSA et Chambres d'agriculture veulent assurer la relève
Les présidents de la MSA Auvergne et de la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes, Christian Gouy et Michel Joux ont signé, hier, une convention pour faciliter l'installation et la transmission en agriculture.
Les présidents de la MSA Auvergne et de la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes, Christian Gouy er Michel Joux ont signé, hier, une convention pour faciliter l'installation et la transmission en agriculture. Alors que depuis cinquante ans le nombre d'exploitations agricoles a été divisé par trois et que d'ici dix ans, la moitié des chefs d'exploitation partiront en retraite, l'enjeu du renouvellement des générations en agriculture n'a jamais été aussi essentiel. "
Les 4 caisses de MSA d’Auvergne Rhône Alpes, la Chambre Régionale Auvergne-Rhône-Alpes et le réseau des Chambres départementales, travaillent depuis de nombreuses années en proximité sur l’installation et la transmission ", explique Michel Joux, président de la Chambre régionale d'agriculture d'Auvergne-Rhône-Alpes. Pour accélérer ce processus vital pour les filières et l'économie des territoires ruraux, les deux entités ont décidé d'aller plus loin en mettant en place quatre actions. Première, en simplifiant les démarches administratives des agriculteurs.
"Après avoir recueilli le consentement de l’agriculteur, la Chambre d’agriculture concernée pourra demander en son nom les documents nécessaires au montage de dossiers (Installation, Transmission, Bâtiments). Dans un second temps, les MSA du territoire auraplin, soit quatre caisses au total, s'engagent à transférer leurs données anonymisées sur l’installation, la cessation d’activité et la population agricole pour permettre au réseau des chambres d’agriculture de compléter son observatoire régional de l’Installation et de la Transmission ", indique Laurent Joyet, directeur de la chambre régionale.
"Cet observatoire, en intégrant les évolutions de la population agricole permettra de donner des éléments pour la mise en place ou l’adaptation des politiques publiques", précise Michel Joux. Troisièmement, la convention prévoit de sensibiliser les cédants sur la transmission grâce à l'envoi en commun de la déclaration d'intention de cessation d'activité agricole (DICAA). Enfin, des actions communes (formu, journée d'installation...) en faveur de l'installation-transmission seront conduites conjointement entre la MSA et les Chambres d'agriculture. Ainsi, la MSA participera aux stages 21 h pour expliquer la protection sociale, les démarches à l’installation et la prévention des risques professionnels.
Succès pour la soirée raclette
Soirée raclette mercredi soir au Sommet.
Pour la troisième année consécutive, l’interprofession laitière Alpes Massif central (Criel) a organisé mercredi soir, un grande soirée raclette dans le Hall 4 où les jeunes des lycées agricoles ont donné la main pour faire de cet évènement un succès.
Ne manquez pas les démonstrations de chiens de troupeau
Démonstration de chiens de troupeau dans la carrière équine.
Cela se passe dans la carrière équine, et à n'en pas douter vous serez impressionné par leur vivacité. Les border collie ont un sens inné pour guider leur petit monde dans le droit chemin. Des démonstrations du savoir-faire des chiens sur des troupeaux ovins sont proposées tout au long de la journée. L'occasion d'en savoir plus sur cette pratique essentielle pour les éleveurs.
L'IA, l'éleveur "augmenté" de demain ?
L'intelligence artificielle et ses algorithmes surpuissants permettent surtout de compiler l'ensemble de ces informations pour la traduire en conseils et solutions.
Le groupe coopératif Innoval, rassemblant plus de 28 000 éleveurs dans 28 départements a lancé, hier au Sommet de l'Elevage une offre de services s'appuyant sur la collecte et l'analyse des données d'élevages par l'intelligence artificielle. L'objectif étant d'offrir aux éleveurs un outil d'aide à la décision tout à la fois descriptif, diagnostic, prédictif, prescriptif et visionnaire. En somme, une feuille de route sur laquelle passé, présent et futur se complètent pour optimiser la gestion d'un troupeau et assurer un suivi non plus mensuel mais en temps réel de ce dernier.
« L'idée pour les éleveurs, est de gagner en performance, en productivité mais aussi sérénité et confiance » explique Bertrand Thomas, éleveur dans le Finistère et vice-président d'Innoval. Quant à la question de savoir si le suivi du troupeau par l'IA ne risque pas d'altérer l'esprit d'analyse et d'initiatives des éleveurs, Innoval réaffirme « l'intelligence artificielle aura toujours besoin des Hommes pour apprendre (...) nous avons appris à nous servir des smartphones, nous devons former nos éleveurs à l'IA au risque de prendre trop de retard ».
Les producteurs de volailles maintiennent la pression
Les éleveurs avicoles réclament des hausses de prix au groupe LDC.
À l’entrée principale du Sommet de l’élevage, les visiteurs peuvent lire sur une banderole me cri d’alarme des éleveurs avicoles régionaux. « Volailles : consommation en hausse, revenus des éleveurs en berne : LDC ça suffit ! ». Une action qui s’inscrit dans la continuité de celles conduite vis-à-vis du numéro 1 de la volaille française depuis le début de l’année. Après plusieurs courriers adressés au groupe agroalimentaire et rencontres, les FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et Bourgogne-Franche-Comté ne veulent rien lâcher.
« Nous avons obtenu des avancées, c’est une certitude, reconnaît Cédric Giraudet, président de la section régionale avicole de la FRSEA Aura. Mais cela ne suffit pas. Nous maintenons la pression ! La consommation de volailles est en augmentation en France notamment en restauration hors foyer et un poulet consommé sur deux en France est importé. Du côté des éleveurs, les charges ne cessent d’augmenter et les revenus ne suivent malheureusement pas. Nous demandons donc à LDC de simplifier les cahiers des charges, nous remettons en cause certaines pénalités liées notamment à la salmonelle et demandons une augmentation de 50 € / tonne pour les éleveurs ».
45 propositions pour un renouveau du pastoralisme
Jean-François Rousset, député de l’Aveyron et Marie Pochon, députée de la Drôme ont présenté hier au Sommet les conclusions du rapport parlementaire sur le rôle du pastoralisme dans l’aménagement du territoire. Des représentants de la COPAMAC SIDAM étaient présents pour réagir aux propositions émanant du rapport.
Le pastoralisme en France concerne près de 60 000 exploitations agricoles, 22% du cheptel ovin et plus de 5 millions d’hectares (alpages, estives…). Malgré l’importance de ces chiffres, le pastoralisme reste souvent « un angle mort » des politiques publiques. Tel était le constat de départ de la mission parlementaire présidée par le député Jean-François Rousset sur le rôle du pastoralisme dans l’aménagement du territoire. Les nombreux défis auxquels le pastoralisme doit faire face : changement climatique, coexistence avec d’autres activités, prédation,… rendaient en outre la mission incontournable. Après une année de travaux, le rapport était dévoilé au printemps 2025. Jeudi, le président et la rapporteuse de la mission ont présenté les mesures proposées avant d’échanger avec le public et les représentants du COPAMAC SIDAM et du réseau pastoral AURA invités.
Au total, 45 propositions ont été formulées concernant l’accès au foncier, le soutien financier, le statut des bergers et des chiens de protection, la reconnaissance du pastoralisme dans la PAC, les effets du changement climatique, la prédation,… Marie Pochon a par ailleurs annoncé qu’un texte de loi trans-partisane devrait être déposé en 2026, année internationale du pastoralisme. Après la présentation, les responsables du réseau pastoral Massif central et AURA et de la Fédération Nationale Ovine (FNO) ont exprimé leurs points de vue sur les propositions. Si celles-ci sont accueillies favorablement, des questions demeurent notamment sur les moyens financiers nécessaires à leur mise en place.
L’exemple du Plan Loup comportant des mesures pour lesquelles il n’y avait pas de financement a été rappelé. Les participants ont également rappelé qu’au-delà des mesures en faveur du pastoralisme ce sont les systèmes herbagers qui devaient être soutenus de même que les services rendus par l’élevage. Une meilleure information et communication doit aussi permettre de faciliter la cohabitation avec les autres usagers. Enfin, la question de la prédation demeure sensible, la FNO réaffirmant que celle-ci met en péril le pastoralisme. Face à la pression de prédation croissante, elle demande que de nouveaux moyens de protection soient étudiés.

