Ils sont l’avenir du troupeau, mais leur première semaine de vie est semée d'embûches. Dans le podcast « Un Foin c’est Tout », le vétérinaire Vétéa Plichart décrypte les causes et les enjeux des diarrhées néonatales, en partenariat avec MSD Santé Animale. Au-delà du simple conseil technique, c’est toute la stratégie de protection du troupeau qui se trouve questionnée.
“ L’ennemi public n°1: Un parasite bien plus courant qu’on ne le pense”
Parmi les causes de diarrhées néonatales (virus, bactéries, parasites,...) un agent pathogène domine largement le tableau, et ce n’est pas toujours celui auquel on pense en premier. Selon l’ANSES, le parasite Cryptosporidium est responsable à lui seul de 63% des cas de diarrhée lorsque l’agent pathogène est retrouvé seul.
Sa prévalence est massive: 80% des élevages laitiers et 85% des élevages allaitants ont connu au moins un épisode de diarrhée dans l’année. La particularité de ce parasite est son incroyable résistance dans l’environnement.
Cela rend alors les mesures d’hygiène absolument fondamentales:
- L’utilisation de niches individuelles pour les veaux laitiers
- La désinfection rigoureuse de matériel (seaux, case, …)
- Un changement de paille à chaque naissance
“ Le veau naît sans aucune défense immunitaire”
Voici sans doute le concept le plus contre-intuitif et le plus important à intégrer: contrairement à ce qui se passe chez l’humain, il n’y a aucun transfert d’immunité entre la mère et son veau pendant la gestation.
Ce point, souligné par Vétéa Plichart, est un véritable changement de perspective.
"Il faut savoir que contrairement à l’humain […] chez le bovin, il n’y a pas de transfert d’immunité lorsque le veau est dans l’utérus de la vache."
Cela signifie que le veau arrive au monde totalement vulnérable, sans la moindre défense contre les microbes qui l’entourent. Il dépend donc à 100% d’une source extérieure pour sa survie initiale, ce qui rend la qualité de cette première protection absolument critique.
“12h pour transmettre l’immunité”
Puisque le veau est naît sans défense, toute son immunité initiale doit provenir du colostrum de sa mère. Mais attention, il y a une contrainte majeure; le temps. L’absorption des anticorps contenus dans le colostrum est efficace pendant les 12 à 24 premières heures de vie, mais elle est particulièrement efficace durant les 12 toutes premières heures.
Passé ce délai, la capacité du veau à absorber ces défenses immunitaire diminue drastiquement. Cette fenêtre est une occasion unique et non-négociable. Chaque heure compte pour garantir ce transfert immunitaire.
Et si tu veux en apprendre plus on te laisse aller écouter notre podcast avec Vétéa Plichart…
« La vaccination des mères : Une technique pour "booster" le colostrum »
Lorsqu'on parle de vacciner les mères gestantes, l'objectif n'est pas de protéger directement la vache. Le mécanisme est plus subtil : il s'agit de stimuler son système immunitaire pour qu'elle produise une grande quantité d'anticorps spécifiques contre les agents pathogènes contenus dans le vaccin.
Ces anticorps sur-mesure vont ensuite se concentrer dans son colostrum. Ainsi, le premier repas du veau devient une véritable protection ciblée et enrichie. C'est ce qu'on appelle "l'immunisation passive" : on protège le veau à travers l'immunité de sa mère, en transformant le colostrum en un bouclier surpuissant.
« L'impact économique à long terme d'une seule diarrhée »
Penser qu'une diarrhée néonatale est un simple "mauvais moment à passer" si le veau survit est une erreur coûteuse. Les conséquences économiques et zootechniques se font sentir bien au-delà des premières semaines.
- Un veau qui a souffert de diarrhée, même s'il s'en remet, subit des retards de croissance et des fragilités qui auront un impact durable.
- Un risque de mortalité accru : un veau atteint de diarrhée néonatale a plus de probabilité de mourir.
- Pour les futures vaches laitières : une baisse de la production laitière est observée lors de leur première lactation.
- Pour les élevages allaitants : une baisse du Gain Moyen Quotidien (GMQ) peut se traduire par jusqu'à 40 kg de moins sur le poids final de l'animal.
- Pour tous les veaux : une probabilité plus élevée de développer des troubles pulmonaires par la suite.
Au-delà des chiffres, il y a l'impact humain sur l'éleveur. La gestion de veaux malades est une source de stress et de travail considérable. Prévenir ces épisodes apporte une sérénité inestimable.
"Les retours d'éleveurs qu'on peut avoir quand même sur la mise en place de la vaccination, c'est une tranquillité d'esprit [...] Comme on dit, ça n'a pas de prix."
La vaccination des mères est un outil puissant pour enrichir le colostrum, mais elle ne peut être efficace que si les fondamentaux sont maîtrisés. La base de tout reste une gestion impeccable du vêlage, de l'alimentation de la mère et du suivi post-natal, notamment en assurant une continuité avec du lait de transition après le colostrum pour prolonger le soutien immunitaire.
Si tu souhaites approfondir le sujet, je t'invite à écouter l’épisode avec Vétéa Plichart, ça se passe juste ici.
Comme le conclut l'expert, la vaccination est un "plus", un complément à un système bien rodé :
« Mais l'hygiène et la préparation vêlage restent les deux éléments majeurs dans la gestion des diarrhées néonatales ».
Après avoir lu ces points, quelle est la première action que vous pourriez mettre en place dès demain pour renforcer la protection de vos futurs veaux ?

