Mercosur : où en est l’accord ?

Publié le 3 décembre 2025 par Maëva Veysset

Pour rappel, l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur rassemble quatre pays d’Amérique du Sud : le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Après 25 ans de négociations, les deux blocs ont finalisé leur accord le 6 décembre 2024.

Le 3 septembre 2025, la Commission européenne a validé ce projet, permettant ainsi de lancer officiellement le processus de ratification auprès des États membres, du Parlement européen, et des parlements nationaux.

 

Les grandes lignes de l’accord

  

  • Suppression graduelle de 91% des droits de douane sur les produits industriels européens (automobile, chimie, pharmacie) exportés vers le Mercosur.​

  • Élimination progressive de 91% des tarifs douaniers sur les produits agricoles sud-américains (viande bovine, volaille, sucre) destinés à l'Europe.

  • Un quota de 99 000 tonnes par an de viande bovine sera importé à un tarif préférentiel de 7,5%.

  • Environ 350 produits européens, comme les fromages, vins ou charcuteries, seront reconnus et protégés contre la contrefaçon au Mercosur.

 

L’accord comprend aussi des clauses liées aux droits de propriété intellectuelle, à l’ouverture des marchés publics, ainsi que des engagements sur le respect des accords environnementaux internationaux, notamment l’accord de Paris sur le climat. Des mécanismes de sauvegarde sont prévus en cas de déséquilibres importants dans les échanges.​ Tu veux approfondir le sujet ?  

 

 

Les débats autour de l’accord

 

Le secteur agricole européen est particulièrement attentif à l’avancée de ce dossier. Les agriculteurs s’interrogent sur les effets des importations accrues, en particulier de viande d’Amérique du Sud, souvent perçue comme moins soumise aux normes sanitaires et environnementales européennes.

Le 1er décembre 2025, la commission Agriculture du Parlement européen a rejeté à l’unanimité la clause de sauvegarde agricole, jugée inadéquate pour défendre les éleveurs européens en raison de ses seuils déclencheurs à 10%, de ses enquêtes de quatre mois, de mesures temporaires limitées à deux ans renouvelables et d’un manque de réciprocité. Le lendemain, 258 amendements ont été déposés contre la version renforcée proposée, contestée par les groupes du centre, de la gauche et de l’extrême droite pour son manque de protection réelle et son rythme d’adoption perçu comme antidémocratique. Écoute notre podcast qui revient sur tous les tenants et les aboutissants du MERCOSUR du cotés politique.

En France, l’Assemblée nationale a adopté fin novembre 2025 une résolution appelant à rejeter l’accord en l’état, soulignant la nécessité de garantir un niveau de protection suffisant pour les producteurs français et la souveraineté alimentaire nationale.​

Et si tu veux en savoir plus en vidéo, regarde l'Agri stories dédié à ce sujet.

 

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Calendrier important et prochaines étapes

 

Voici les échéances clés qui vont déterminer le futur de l’accord UE-Mercosur :

 

  • 8 décembre 2025 : Premier vote au Parlement européen sur l’avis de la commission Commerce international, dite aussi commission INTA. Son rapporteur, Gabriel Mato (PPE), est favorable à l’accord et appelle à le valider sans amendement.

  • 16 décembre 2025 : Vote prévu en plénière du Parlement européen sur la réglementation autour de la clause de sauvegarde agricole.

  • 17 ou 18 décembre 2025 : Vote final au Conseil de l’Union européenne, où se réunissent les ministres des États membres. C’est une étape décisive pour la signature officielle.

  • 20 décembre 2025 : Sommet du Mercosur à Rio de Janeiro, où pourrait être officialisée la signature conjointe entre les deux blocs.

 

Ensuite, la ratification par les parlements nationaux est requise pour l'entrée en vigueur complète, un processus pouvant durer de plusieurs mois à plusieurs années selon les pays.

L’accord UE-Mercosur est désormais dans sa phase finale d’approbation. La Commission européenne, convaincue des bénéfices économiques et stratégiques, pousse à une ratification rapide. En revanche, une large partie des institutions européennes et de la société civile, dont les agriculteurs français, restent très critiques. La bataille politique est loin d’être gagnée, et les prochaines semaines jusqu’à la fin décembre 2025 seront cruciales pour déterminer si cet accord entre en vigueur ou reste bloqué.