Trump et Harris se challengent aussi sur le terrain agricole
La campagne électorale bat son plein aux États-Unis. Si l’agriculture n’est pas au centre des débats, les sujets majeurs discutés par les deux candidats Kamala Harris et Donald Trump auront un impact important sur le secteur agricole : l’immigration, la politique commerciale ou fiscale. A ce jour, l’ancien président des États-Unis (2016-2020) part avec une petite longueur d’avance sur les dossiers agricoles vis-à-vis de sa compétitrice. « En tant que président, il a donné le coup d'envoi d'une guerre commerciale mondiale coûteuse, a fait reculer les politiques environnementales et s'est attaqué à l'immigration clandestine, y compris dans le secteur de la volaille », indique le site agriculture.dive.com. Parmi les chantiers à venir, le Farm Bill (équivalent de notre Pac en Europe) représente un enjeu majeur, car c’est cette loi qui fixe le cap à la fois politique et économique pour les prochaines années.
Un connaisseur du secteur agricole chez Harris
En s’adjoignant les services du gouverneur du Minnesota, Tim Walz, en colistier, l’actuelle vice-présidente a assuré ses arrières. En effet celui-ci a siégé pendant six mandats à la commission de l'agriculture de la Chambre des représentants et a participé à la rédaction de trois Farm Bill. Ce dernier soutient notamment les programmes de sécurité agricole tels que l'assurance-récolte « protéger les agriculteurs contre les changements de circonstances imprévus » ou encore le programme d’assistance alimentaire (Food Stamps) que les républicains souhaitent réformer. Si elle l’emporte, Kamala Harris devrait poursuivre la politique menée ces dernières années : des aides pour maintenir le nombre et la rentabilité des petites et moyennes structures agricoles ; des mesures visant à accroître la concurrence dans la chaîne d’approvisionnement afin de faire baisser le coût des intrants et d’améliorer la part qui revient aux producteurs ; le maintien des politiques incitatives à l’adoption de pratiques pour le climat ; et le renforcement des différents programmes d’aide alimentaire aux plus démunis. Une vision qui diffère assez nettement de celle de Donald Trump qui, lui, encourage un modèle agricole qui promeut la compétitivité fondée sur une productivité croissante tirant profit de toutes les avancées scientifiques (biotechnologies) ou technologiques (mécanisation, robotisation…). Mais globalement, la politique agricole sous une seconde administration Trump ne devrait pas porter de changement significatif si ce n’est le passage au second rang des préoccupations environnementales (protection de l’eau, pesticides…) et des programmes de lutte contre le changement climatique au profit du maintien des objectifs actuels d’une augmentation de la production et de l’accroissement de la rentabilité.
Les deux candidats veulent s'attaquer à l'inflation alimentaire
Sur l’épineux dossier de l’inflation alimentaire, l’ancien président a fait un nombre de promesses pour réduire les coûts de production agricole qui sont restés élevés depuis la crise Covid, mais il n’a pas fourni beaucoup de détails sur les modalités de cette baisse. Il a indiqué qu’il souhaitait « faire baisser les taux d'intérêt » et réduire de moitié les coûts énergétiques des exploitations agricoles au cours de la première année de son mandat. Donald Trump a également promis qu'il annulerait « toutes les réglementations lourdes et coûteuses de Biden-Harris qui contribuent à l'augmentation du coût des approvisionnements », là encore sans plus de détail. De son côté, le clan Harris considère que la lutte contre l'augmentation des prix des denrées alimentaires est au cœur du plan économique de la candidate démocrate. Elle veut « interdire les prix abusifs dans l’industrie de la viande », en particulier celle du bœuf et de la volaille. Kamala Harris a annoncé vouloir « renforcer la concurrence dans l'ensemble du système alimentaire ». Auditionnée tout comme Donald Trump par le Farm Bureau, elle a déclaré qu'elle allait « sévir contre les fusions et acquisitions déloyales impliquant de grandes sociétés agroalimentaires afin de créer des conditions de concurrence équitables ».
Les Démocrates draguent les ruraux
Les élections présidentielles (ainsi que celles des représentants au Congrès) se tiennent officiellement le 5 novembre mais le vote par anticipation (en personne ou par correspondance) a déjà commencé depuis fin septembre dans certains États. Des dizaines de millions d’Américains auront voté bien avant le 5 novembre. Le résultat de ce scrutin, au regard des derniers sondages, est très incertain. Donald Trump mènerait dans trois des sept fameux « swing states », ceux où se joue l’élection. Tandis que Kamala Harris tient la corde dans les quatre autres. Mais à chaque fois avec une très faible avance. Or, plusieurs de ces États – le Wisconsin et le Nevada par exemple – sont des territoires ruraux. L’électorat agricole y est globalement acquis au parti républicain de Donald Trump qui fait donc moins campagne vers le secteur. Mais cela reste « un terrain fertile pour Trump », constate Ralph Ichter. Pour les Démocrates de Kamala Harris, l’enjeu sera donc de faire une percée auprès de cet électorat rural historiquement favorable à Donald Trump, et qui pourrait s’avérer crucial dans cette course serrée.