🐄 Dermatose nodulaire contagieuse : on vous explique tout

Depuis quelques semaines, un mot revient dans toutes les discussions entre éleveurs bovins : DNC, pour dermatose nodulaire contagieuse. Cette maladie virale, encore absente de France il y a quelques années, est désormais au cœur des préoccupations dans certaines zones d’élevage. Très contagieuse, transmise principalement par les insectes piqueurs, elle provoque des lésions cutanées impressionnantes et peut avoir de lourdes conséquences économiques pour les exploitations touchées.

Pour mieux comprendre cette menace, nous revenons sur son origine, ses symptômes, les moyens de lutte et les démarches à suivre en cas de foyer.

📍 Comment la DNC est apparue ?

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale causée par un poxvirus de la famille des Capripoxvirus, proche de ceux responsables de la variole ovine et caprine.

Historiquement apparue en Afrique, elle s’est propagée au Moyen-Orient, en Turquie, puis en Europe de l’Est avant d’atteindre le bassin méditerranéen.

En date du 8 août 2025, 71 foyers ont été détectés en France, répartis dans deux départements :

• Savoie : 31 foyers (communes d’Entrelacs et Hauteluce)
• Haute-Savoie : 40 foyers (communes de Rumilly, Massingy, Marigny-Saint-Marcel, Faverges-Seythenex, Saint-Ferréol, Les Combes-Seythenex, Boussy, Val-de-Chaise, Moye)

Ces foyers concernent 37 élevages au total.

La transmission est facilitée par la chaleur et l’humidité, qui favorisent la prolifération des insectes piqueurs vecteurs de la maladie. Selon Barbara Dufour, docteure vétérinaire et professeure émérite à l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), 

"Il y a un lien avec la température et donc les modifications climatiques" (France Inter)

🐂 Comment se manifeste-t-elle ?

La DNC se traduit par :

• Des nodules fermes et ronds sur la peau, parfois recouverts de croûtes infectieuses, qui peuvent laisser des cicatrices durables
• Fièvre élevée (40 à 41°C) entraînant abattement et perte d’énergie
• Perte d’appétit, amaigrissement rapide et dégradation de l’état général
• Chute brutale de la production laitière, avec des pertes économiques immédiates pour les éleveurs
• Parfois, boiteries ou œdèmes dans les cas sévères

Cette maladie ne touche que les bovins et n’est pas transmissible à l’homme. Mais elle est extrêmement contagieuse : un élevage voisin peut être contaminé en quelques jours seulement si les conditions sont favorables aux insectes vecteurs.

🛡️ Comment on y fait face ?

Face à la DNC, la France applique un protocole très strict imposé par l’Union européenne pour protéger le cheptel national :

• Vaccination ciblée : lancée le 18 juillet 2025, elle reste la méthode la plus efficace pour protéger les troupeaux. Les bovins vaccinés développent une bonne immunité contre le virus, réduisant le risque de diffusion.
• Renforcement de la biosécurité : désinfection régulière du matériel, limitation des visites extérieures, changement de tenue ou de bottes à chaque entrée sur le site.
• Contrôle des déplacements : mise en place d’une zone réglementée de 50 km autour des foyers, avec interdiction des mouvements de bovins, y compris à l’intérieur de cette zone.
• Abattage total dans les foyers déclarés : tous les animaux infectés ainsi que le lot concerné sont abattus sur place, suivis d’un enlèvement par équarrissage et d’une désinsectisation complète. Cette mesure radicale vise à stopper net la propagation, mais elle entraîne un impact économique considérable et un choc psychologique fort pour les éleveurs qui voient leur troupeau disparaître.
• Lutte contre les insectes vecteurs : utilisation de répulsifs, désinsectisation des bâtiments, traitement des lisiers et gestion des zones humides pour limiter la reproduction des moustiques, taons et stomoxes.

La fièvre catarrhale ovine, également transmise par des insectes, impose aussi des restrictions de déplacements, mais ne prévoit pas d’abattage systématique des animaux infectés. L’expérience acquise dans la lutte contre la FCO a toutefois permis d’être plus réactif dans la mise en place des mesures contre la DNC.

L’expérience acquise dans la lutte contre la FCO a permis de mettre en place plus rapidement des protocoles efficaces pour contenir la DNC : vaccination ciblée, restrictions de mouvements et désinsectisation renforcée. Ces actions combinées ne permettent pas d’éradiquer la maladie du jour au lendemain, mais elles freinent fortement sa progression et limitent l’impact économique pour les élevages.

🚨 Que faire si mon troupeau est infecté ?

En cas de suspicion de DNC dans un élevage, chaque minute compte.

Voici la procédure recommandée :

• Isoler immédiatement les animaux présentant des symptômes pour limiter les contacts avec le reste du troupeau.
• Contacter un vétérinaire au plus vite pour confirmer le diagnostic et organiser la prise en charge. Des prélèvements cutanés ou sanguins peuvent être effectués pour analyse.
• Informer la DDPP (Direction départementale de la protection des populations) pour déclencher les mesures réglementaires.
• Appliquer des mesures de confinement renforcées : interdiction stricte des déplacements d’animaux, désinfection du matériel, gestion rigoureuse des entrées et sorties sur l’exploitation.
• Mettre en place des traitements de soutien : antibiotiques pour prévenir les infections secondaires, anti-inflammatoires pour soulager les animaux, soins locaux sur les lésions.

Même si la maladie entraîne parfois des pertes lourdes, un suivi vétérinaire adapté et des mesures rapides peuvent limiter les dégâts et permettre une reprise progressive de l’activité.

📋 Règles de mouvements en zones réglementées DNC

Lorsqu’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est confirmé, une zone réglementée est mise en place sur un rayon de 50 km autour du site infecté :

Zone de Protection (ZP) : 20 km autour du foyer

Zone de Surveillance (ZS) : 30 km supplémentaires

Ces zones sont soumises à un protocole strict défini par l’Union européenne pour limiter la propagation de la maladie.

🚫 Mouvements interdits

• Aucune sortie d’animaux vers d’autres exploitations pour l’élevage ou l’engraissement.
• Pas d’introduction d’animaux provenant d’autres zones.

✅Déplacements autorisés sous conditions

Vers l’abattage :

Autorisation préalable délivrée par la DDPP

Transport dans des véhicules étanches

Désinsectisation obligatoire avant départ

Nettoyage et désinfection après chaque trajet

Examen clinique favorable des animaux par un vétérinaire

Acheminement direct vers l’abattoir, sans arrêt ni déchargement intermédiaire

À travers la zone réglementée :

Possible uniquement sans déchargement

Véhicule étanche et désinsectisé

🌱 Pâturage et contacts entre troupeaux

Pâturage autorisé en ZS sous conditions :

• Aucun contact avec d’autres troupeaux
• Contrôle vétérinaire régulier
• Délai minimum de 15 jours après désinsectisation avant mise au pâturage

Ces mesures s’ajoutent au protocole d’abattage total dans les foyers confirmés (animaux infectés + lot concerné), à l’équarrissage et à la désinsectisation des lieux.

Elles visent à protéger le cheptel national, même si elles représentent une contrainte majeure pour l’organisation et l’économie des élevages.

ℹ️ Où puis-je me renseigner ?

Plusieurs sources fiables permettent de suivre la situation et de connaître les consignes actualisées :

• Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire : communiqués officiels, cartes actualisées des foyers, fiches pratiques sur la DNC.
• DDPP (Direction départementale de la protection des populations) : informations locales précises sur la zone réglementée, la vaccination et les restrictions en vigueur.
• Vétérinaire de terrain : conseils personnalisés pour votre exploitation, protocoles de biosécurité et suivi sanitaire.
• Organisations professionnelles agricoles : formations rapides, fiches techniques, partage d’expériences entre éleveurs.

En restant bien informé et en appliquant les bonnes pratiques, il est possible de limiter l’impact de cette maladie sur les élevages.

La DNC est un défi sanitaire majeur pour l’élevage bovin français en 2025. Sa vitesse de propagation, l’absence de traitement curatif et son impact économique en font une menace à prendre très au sérieux. Face à elle, la clé est d’agir vite : vacciner, protéger, isoler, informer.

C’est par la combinaison des efforts des éleveurs, des vétérinaires, des autorités et des organisations agricoles que cette maladie pourra être contenue et que les troupeaux pourront retrouver une certaine sérénité.

Sources : 

Agriculture.gouv 

France Inter