Agriculture : 5 projets innovants à découvrir en Pays de la Loire

Publié le 27 juin 2025 par Ousémi Horsfall

Avec 50 % de terres arables, 63 000 emplois agricoles et un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, les Pays de la Loire occupent une place centrale dans le paysage agricole français. Quatrième région agricole du pays, elle se distingue par la diversité de ses productions et par une dynamique constante d’innovation.

Au-delà des chiffres, c’est un véritable écosystème qui s’est structuré autour de la recherche et du transfert de solutions. La Biennale de l’innovation agricole 2025, organisée à l’hôtel de région de Nantes, en a été la démonstration. À travers plusieurs projets concrets, elle a mis en lumière une agriculture en transition, portée par les éleveurs eux-mêmes. Focus sur cinq initiatives qui incarnent cette volonté de faire évoluer les pratiques tout en assurant la pérennité des exploitations.




1. FERMADAPT : adapter l’élevage au changement climatique

Canicules, sécheresses, pluies violentes, parasites… Les effets du dérèglement climatique n’épargnent plus les élevages. Pour y faire face, le projet FERMADAPT, lancé en 2023, accompagne les filières bovine, porcine et avicole dans l’identification de leviers d’adaptation. Le programme s’appuie sur des expérimentations en fermes pilotes, avec une approche transversale : alimentation, génétique, gestion de troupeau, équipements et intégration des arbres dans les systèmes.

Chaque filière devra ressortir du projet avec au moins une solution éprouvée et transférable. L’objectif est clair : sécuriser les exploitations tout en limitant leur impact environnemental. Porté par la Chambre régionale d’agriculture, FERMADAPT fédère dix partenaires, dont l’Institut de l’élevage, l’ITAB, l’IFIP et plusieurs fermes expérimentales.


2. GEN AB : optimiser le premier vêlage à 30 mois en bio

Dans les élevages biologiques, réaliser un vêlage des génisses à 30 mois permet de réduire les coûts, d’optimiser l’alimentation et de mieux gérer le temps de travail. Pourtant, cette pratique reste peu développée dans la région. Le projet GEN AB vise à mieux comprendre les facteurs de réussite de cette technique. Il s’appuie sur les vingt années d’expérience de la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou.

À travers l’analyse de données zootechniques précises, le projet identifie les causes d’échec de la mise à la reproduction, notamment les 10 % de cas où cela ne fonctionne pas. L’objectif est de lever les freins techniques et d’encourager la diffusion de cette méthode dans les élevages bio.


3. VALOMALEBIO : structurer une filière pour les mâles laitiers bio



En agriculture biologique, une partie importante des veaux laitiers mâles ne rejoint pas de filière bio mais est valorisée en conventionnel. Une incohérence pour les éleveurs comme pour les consommateurs. Le projet VALOMALEBIO entend structurer une filière viable pour ces animaux. Expérimentations, collecte de données techniques, implication d’acteurs économiques : tout est mis en œuvre pour proposer des solutions concrètes.

Piloté par la Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire, ce projet s’appuie sur un groupement d’éleveurs pionniers, en lien avec Biolait, ITAB et la ferme de Thorigné d’Anjou. L’enjeu est aussi sociétal : comment valoriser un sous-produit devenu central dans la logique de durabilité des systèmes biologiques ?


4. CACOPSY : protéger les vergers de poires face aux ravageurs



Dans les vergers de poiriers, un ennemi discret fait des ravages : le psylle. Cet insecte piqueur affaiblit les arbres, transmet des virus et peut ruiner une récolte entière. Face à l’inefficacité croissante des insecticides classiques, le projet CACOPSY cherche des alternatives durables.

Pendant trois ans, des essais sont menés en conditions réelles pour tester des solutions naturelles : biocontrôle, produits d’origine biologique, stratégies culturales. L’objectif est double : maîtriser les populations de psylles sans nuire aux auxiliaires et renforcer la résilience des vergers bio.

Piloté par le CTIFL, ce projet répond à une urgence technique croissante dans l’arboriculture, tout en s’inscrivant dans une logique de transition écologique et de réduction des intrants.


5. ADACLIM : adapter la viticulture ligérienne au changement climatique



Le réchauffement climatique bouleverse l’équilibre des vins du Val de Loire. Des teneurs en sucre plus élevées, moins d’acidité, des degrés d’alcool en hausse : les repères changent, tout comme les attentes des consommateurs, de plus en plus sensibles à des profils plus légers. Le projet ADACLIM explore des leviers d’adaptation, de la vigne jusqu’au chai. À la parcelle, des pratiques comme l’écimage tardif ou le choix des dates de récolte sont testées. En cave, des techniques biologiques, physiques ou naturelles permettent de réguler l’alcool et d’ajuster l’équilibre des vins.

Mené en conditions réelles chez différents vignerons, le projet évalue aussi les impacts économiques et environnementaux. Objectif : fournir des solutions concrètes à la filière pour produire des vins équilibrés, compétitifs et résilients face aux évolutions climatiques.



Ces cinq projets montrent que l’innovation en élevage prend racine dans le concret : gestion de l’eau, adaptation au climat, valorisation des animaux oubliés, optimisation des pratiques. Tous sont portés par des collectifs d’éleveurs, d’instituts techniques et de structures agricoles engagées sur le terrain.

Dans un contexte de transition agroécologique, les Pays de la Loire démontrent qu’il est possible de conjuguer durabilité, compétitivité et attractivité du métier. L’élevage y devient un levier de transformation, au cœur des enjeux alimentaires, climatiques et économiques.

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