Un modèle durable mis en lumière au Sommet de l’Élevage
L’ESSENTIEL
- Le pâturage mixte équins-bovins revient au cœur des stratégies fourragères. Cette conduite, longtemps utilisée de manière empirique, bénéficie aujourd’hui d’un corpus scientifique plus solide et d’exemples de terrain convaincants.
- Il s’agit de faire pâturer simultanément ou successivement bovins et équins sur une même surface afin de tirer parti de leurs comportements alimentaires complémentaires. Les études IFCE-INRAE (projet PaturBovEquin) confirment les bénéfices historiques observés par les éleveurs.
- Le Sommet de l’Élevage 2025 a consacré une visite internationale à ce sujet sur la ferme de Bonant (Puy-de-Dôme), offrant une démonstration grandeur nature de l’intérêt de ces systèmes.
Les principes du pâturage mixte
Le pâturage mixte repose sur trois mécanismes principaux :
- Complémentarité alimentaire : Les chevaux consomment une herbe plus rase, tandis que les bovins valorisent efficacement les zones hautes et les refus laissés par les équins.
- Effet de dilution parasitaire : Les strongles sont majoritairement spécifiques à chaque espèce. Les bovins ingèrent les larves présentes dans les crottins équins, ce qui réduit la pression parasitaire chez les chevaux.
- Valorisation complète de la ressource : La diversité floristique et la structure des prairies sont mieux entretenues grâce à l’action combinée des deux espèces.
Les études présentées par l’IFCE/INRAE confirment une augmentation de la valeur nutritive du couvert, une diminution significative des zones de refus, et un meilleur équilibre du milieu.
Les avantages observés en élevage
Les retours de terrain et les mesures scientifiques convergent :
1. Une prairie plus productive et plus résiliente
Les prairies gérées en mixité affichent :
- Une meilleure croissance de l’herbe ;
- Une diversité botanique accrue (graminées, légumineuses, plantes médicinales) ;
- Une résistance renforcée aux sécheresses ;
- Une productivité pouvant atteindre 7 t MS/ha sur des prairies anciennes comme à Bonant.
2. Une amélioration de la santé animale
- Les chevaux conduits en mixité excrètent deux fois moins d’œufs de strongles que ceux en système mono-spécifique.
- Moins de vermifugation, donc moins de risques de résistance.
- Une croissance souvent améliorée des jeunes animaux grâce à un fourrage plus qualitatif.
3. Un impact positif sur la biodiversité
- Maintien d’habitats variés : zones rases, zones hautes, repousses.
- Ressources accrues pour oiseaux, insectes et pollinisateurs (Camargue, marais Vernier).
- Régression maîtrisée de certaines plantes compétitives ou ligneuses (Massif central).
4. Un modèle économique cohérent
- Moins d’intrants : engrais, concentrés, produits phytosanitaires, vermifuges.
- Moins de temps de gestion mécanique des refus.
- Possibilité de double valorisation (viande bovine et équine selon les filières).
- Stabilité financière renforcée.
L’exemple de la ferme de Bonant : une démonstration grandeur nature
Lieu : Ceyrat (Puy-de-Dôme).
Événement : visite internationale du Sommet de l’Élevage 2025.
Les 80 visiteurs du monde entier ont été frappés par la qualité agronomique et zootechnique du système mixte présenté. Les prairies visitées affichent une richesse botanique exceptionnelle malgré leur âge (45 ans), fruit d’une conduite raisonnée sans engrais et d’un pâturage alternatif chevaux/bovins.
Ce qu’ils ont observé :
- 45 % de graminées, 45 % de légumineuses, 10 % de plantes dites médicinales (réglisse sauvage, chicorée, centaurée) aux vertus digestives et antiparasitaires.
- Un calme remarquable des animaux, témoignant d’un bon équilibre de chargement et de conduite.
- Une gestion fine des effluents : hersage systématique des crottins et bouses en fin d’hiver.
- Des résultats techniques alignés sur ceux de systèmes conventionnels, avec un bilan carbone amélioré.
- Une qualité exceptionnelle des viandes issues de ces prairies, confirmée lors de la dégustation comparative organisée sur site.
La visite a ainsi permis aux délégations internationales de constater que ce système coche l’ensemble des critères du développement durable : autonomie, biodiversité, performance fourragère, impact environnemental limité et qualité des produits finis.
Le rôle du Sommet de l’Élevage : un soutien concret aux pratiques durables
En intégrant cette ferme au programme officiel de visites internationales, le Sommet de l’Élevage montre que l’agroécologie n’est pas un concept mais une réalité opérationnelle dans le Massif central.
Le Sommet apporte ainsi :
- Un accès direct aux innovations agronomiques ;
- Une mise en réseau entre éleveurs, chercheurs et délégations étrangères ;
- Une valorisation des systèmes économiquement viables et écologiquement performants.
Le pâturage mixte, mis en lumière à Bonant, s’impose comme un modèle de transition réaliste, fondé sur l’optimisation de ressources existantes plutôt que sur la surenchère technologique.
Pour toute question technique ou visite complémentaire, les lecteurs peuvent contacter Gilles Gapihan, auteur de la note de terrain et expert mobilisé lors de la visite internationale.
Sources : Gilles Gapihan- journaliste réussir
Consulter l’article Réussir .
Coordonnées de la ferme : Élevage Busarello Frederic - 13 rue du Puy Giroux Saulzet-le-Chaud 63540 Romagnat

