Les systèmes agroforestiers en France : combiner agriculture et foresterie
Les systèmes agroforestiers en France : combiner agriculture et foresterie
Les systèmes agroforestiers, combinant judicieusement agriculture et foresterie, représentent une approche révolutionnaire de l'utilisation des terres en France. Cette pratique ancestrale, remise au goût du jour, offre une multitude de bénéfices tant écologiques qu'économiques, s'inscrivant parfaitement dans les enjeux contemporains de développement durable et de biodiversité. Détaillons les avantages, les défis et les perspectives d'avenir des systèmes agroforestiers dans le contexte français.
Qu'est-ce que l'agroforesterie
L'agroforesterie se définit par l'association bénéfique entre les arbres et les cultures ou l'élevage au sein d'un même système de production. Cette cohabitation stratégique crée un écosystème où chaque composant tire avantage de l'autre, permettant une utilisation plus efficace des ressources. Les arbres, par leur système racinaire, améliorent l'accès à l'eau et aux minéraux pour les cultures, tout en offrant un habitat favorable à une biodiversité utile et nécessaire à l'équilibre écologique.
Elle peut prendre diverses formes :
- des arbres dispersés au sein de parcelles cultivées,
- la culture de plantes sous couvert forestier,
- des haies bocagères en périphérie des champs,
- ou encore des pratiques de sylvopastoralisme où les animaux pâturent sous un couvert forestier.
Ces configurations diversifiées permettent d'exploiter les synergies entre les différentes composantes du système pour optimiser les rendements et renforcer la résilience écologique et économique des exploitations.
Les avantages des systèmes agroforestiers
Dans un contexte marqué par le changement climatique, la perte de biodiversité et la nécessité de produire plus et mieux, l'agroforesterie offre des solutions concrètes et adaptées.
L'agroforesterie pour la biodiversité
L'intégration d'arbres dans les systèmes agricoles favorise la biodiversité. Les arbres servent d'habitat à de nombreuses espèces animales et soutiennent une diversité végétale. Cette richesse biologique contribue à la régulation naturelle des nuisibles et à la pollinisation, essentielle pour de nombreuses cultures.
Pour le sol
Les systèmes agroforestiers jouent un rôle crucial dans la préservation de la qualité du sol et la réduction de la pollution des nappes phréatiques grâce à une meilleure gestion des nitrates. Les racines des arbres stabilisent le sol et réduisent l'érosion. Les feuilles et autres matières organiques contribuent à la formation d'humus, améliorant la structure et la fertilité du sol.
Pour le climat
Les arbres captent le CO2, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. De plus, l'ombre qu'ils fournissent peut réduire le stress thermique sur les cultures et le bétail pendant les périodes de forte chaleur, améliorant ainsi la productivité.
La place de l'agroforesterie en France
Le projet AGFORWARD a révélé que l'agroforesterie couvre 15,4 millions d'hectares dans l'UE, soit 3,6 % de la surface totale et 8,8 % de la surface agricole utile. En France, reconnue comme un pays pionnier en Europe dans le développement de l'agroforesterie, elle représente 1,6 million d'hectares, illustrant son importance dans le paysage agricole national.
Elle s’y décline sous plusieurs formes :
- les formes bocagères,
- les prés-vergers,
- les prés-bois,
- les alignements de peupliers,
- ou encore les plantations de noyers associées à l'élevage.
Chaque système est adapté aux spécificités locales et aux besoins des agriculteurs, offrant une flexibilité et une adaptabilité essentielles à la réussite de ces projets.
L'agroforesterie dans les politiques de l'Etat
Le "Pacte en faveur de la Haie 2023", lancé par le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire en collaboration avec le ministère chargé de la transition écologique, vise à promouvoir la plantation de haies et d'alignements d'arbres dans les exploitations agricoles entre 2020 et 2030. Ce pacte s'inscrit dans une volonté plus large de planification écologique, reconnaissant l'agroforesterie comme un levier majeur pour l'atténuation du changement climatique et la préservation de la biodiversité.
L'intégration de l'agroforesterie dans la Politique agricole commune (PAC) souligne également son importance croissante au niveau européen.
Malgré ses nombreux avantages, l'agroforesterie en France fait face à plusieurs défis. Le manque de connaissances et de compétences techniques chez certains agriculteurs, les réglementations foncières et les politiques agricoles qui ne favorisent pas toujours cette pratique sont autant d'obstacles à surmonter. De plus, les bénéfices de l'agroforesterie, souvent à long terme, peuvent décourager les agriculteurs habitués à des retours sur investissement plus immédiats.
En dépit des défis, l'intérêt croissant pour cette pratique témoigne de son potentiel à contribuer significativement à la transition écologique de l'agriculture. En investissant dans la recherche, la formation et le soutien politique, la France peut devenir un leader dans le domaine de l'agroforesterie, ouvrant la voie à une agriculture durable et résiliente face aux défis climatiques et environnementaux de demain.