Salon de l’Herbe 2025 : 4 clés pour adapter la gestion des prairies face aux enjeux climatiques

Publié le 27 mai 2025 par Ousémi Horsfall

Le Salon de l’Herbe et des Fourrages est LE rendez-vous technique en plein air des professionnels de l'agriculture et de l'élevage. L’évènement s'est déroulé à Villefranche-d’Allier le mercredi 21 et le jeudi 22 mai, au cœur d'une région où les prairies sont un pilier de l'alimentation animale. Ayant réuni sur une trentaine d'hectares plus de 35 000 visiteurs et 150 marques exposantes sur les deux jours, le salon a permis l’échange entre potentiels clients et fournisseurs de semences, d'équipements et de solutions innovantes, mais aussi d'assister à des démonstrations grandeur nature.

En 2025, l’enjeu climatique est au cœur des préoccupations dans de nombreux secteurs d’activité, dont le secteur agricole : Comment produire suffisamment de fourrage face aux sécheresses ? Comment protéger les animaux lors des canicules ? Quelles pratiques pour s’en sortir face à l’imprévisibilité météo ? Voici les cinq grandes pistes identifiées lors de cette édition pour adapter la gestion des prairies face aux enjeux climatiques. 


Le salon de l'herbe vu de haut / © Profield Events


1. Adapter l’élevage au réchauffement climatique grâce à l’agrivoltaïsme

De plus en plus présent dans les pratiques agricoles, le recours à l'agrivoltaïsme est une alternative que commencent à privilégier les professionnels de l’élevage. En installant des panneaux solaires sur des parcelles pâturées, trois bénéfices se présentent : la protection contre le stress thermique des animaux, le maintien d’une pousse d’herbe plus régulière et la production d’énergie verte.

Des retours d’expériences montrent que sous les panneaux, l’herbe reste plus verte plus longtemps en été grâce à une meilleure rétention de l’humidité. De plus, les vaches et moutons viennent s’y réfugier naturellement aux heures chaudes, ce qui présente une alternative durable pour optimiser le rendement fourrager et le bien-être animal.

Selon Valeco, acteur historique du photovoltaïsme à l’origine de la première centrale photovoltaïque au sol en France, “L’agrivoltaïsme, raisonné et concerté, constitue un nouvel outil pour l’agriculture permettant de pérenniser voire renforcer les exploitations et leur production dans un contexte de changement climatique, tout en étant nécessaire à l’atteinte des objectifs en matière de production d’énergie renouvelable”


2. Répartir dans le temps la production d’herbe face à l’instabilité climatique

Avec le climat qui ne cesse de varier, les pics de pousse sont de plus en plus imprévisibles. Pour garantir une alimentation continue du troupeau, les experts préconisent d’échelonner la pousse d’herbe de sorte à stabiliser la production fourragère. Pour ce faire, une production d’herbe en diversifiant les espèces implantées est nécessaire : certaines sont plus précoces, d’autres plus tolérantes à la sécheresse ou au froid. 

L’idée est d'étaler les cycles de production pour éviter les périodes de rupture. Cette répartition de la production de l’herbe et des fourrages dans le temps peut aussi passer par des pratiques culturales innovantes : pré fauche tardive, fauche tournante, ou encore pâturage dynamique.



Prairie fleurie / Canva 


3. Miser sur les prairies permanentes

Souvent considérées comme moins productives, les prairies permanentes sont pourtant des alliées stratégiques. Leur enracinement profond et leur biodiversité en font des réservoirs de résilience en captant du carbone, en régulant l'eau et en offrant un fourrage de qualité sur le long terme.

Mais leur capacité à s’adapter à un climat qui change très vite est malheureusement très limitée. Pour les accompagner, il est essentiel d’adopter des gestes clés : 

Ne pas les surexploiter

Les prairies permanentes mettent du temps à se constituer. Un pâturage excessif, des passages trop fréquents ou une fauche trop intensive peuvent nuire à leur équilibre. Laisser des périodes de repos suffisantes permet aux plantes de reconstituer leurs réserves et de conserver leur vigueur, en particulier en période de stress climatique. 

Maintenir une couverture végétale toute l’année

Une prairie nue est une prairie fragile. En gardant un couvert végétal permanent, on protège le sol contre l’érosion, on limite l’évaporation de l’eau, et on soutient l’activité biologique souterraine. Cela contribue aussi à une meilleure résilience face aux sécheresses ou aux fortes pluies.

Raisonner les apports organiques et minéraux 

L’objectif est de fertiliser avec justesse ; apporter trop d’azote ou de lisier peut déséquilibrer la flore des prairies et favoriser des espèces dominantes au détriment de la diversité. L’objectif est d’ajuster les apports en fonction des besoins réels du sol et des plantes, pour nourrir sans perturber.

Favoriser la présence d’espèces variées

Une prairie riche en espèces (graminées, légumineuses, plantes fourragères diverses) est plus stable, plus productive sur l’année, et plus résistante aux aléas. Chaque espèce joue un rôle spécifique (fixation de l’azote, résistance à la sécheresse, valeur alimentaire) : c’est cette complémentarité qui fait la force du système.



4. Mettre en place le pâturage tournant dynamique

Face à l’évolution du climat, le pâturage tournant dynamique est une réponse simple, concrète et efficace. Il s’agit d’organiser les prairies en plusieurs parcelles distinctes, et de déplacer régulièrement les animaux de l’une à l’autre en fonction de la vitesse de repousse de l’herbe. Ce rythme, ajusté à la saison et aux conditions du sol, permet à chaque surface de se reposer et de reconstituer son stock de fourrage. Contrairement au pâturage continu, cette méthode évite le surpâturage qui est souvent destructeur pour les plantes et le sol. Cette alternative favorise un enracinement plus profond, une meilleure couverture végétale et une gestion plus précise et aboutie de la ressource. Résultat : des prairies plus durables, une herbe de meilleure qualité, et une production plus régulière sur l’année, même en conditions sèches.

Mais au-delà de la technique, c’est tout un système qui se met en place : le pâturage tournant dynamique oblige à planifier ses surfaces, à observer la pousse et à anticiper les besoins du troupeau.  Dans ce cas là, tout dépend du sol, du climat, de la taille du troupeau. Ce qui fonctionne sur une exploitation de montagne ne sera pas transposable à une plaine sèche. 

D’où l’importance d’échanger entre éleveurs, d’expérimenter à sa propre échelle, et d’adapter progressivement sa conduite. 


Le Salon de l’Herbe 2025 a permis de mettre en avant une tendance grandissante : l’adaptation des prairies au changement climatique par de multiples leviers. Diversification des espèces, gestion de l’ombrage, valorisation des prairies permanentes ou encore approche systémique de l’exploitation… chaque stratégie apporte une réponse ciblée aux problématiques de gestion des prairies liées aux variations climatiques devenues de plus en plus imprévisibles. L’enjeu est de déployer ces pratiques à l’échelle des territoires, avec pragmatisme, technicité et observation du terrain. 



Sources : 

Site officiel du Salon de l'herbe et des fourrages

Groupevaleco.com