Le 8 décembre, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a lancé les Conférences de la souveraineté alimentaire, un cycle de rencontres destiné à définir une stratégie agricole nationale sur dix ans. Ces conférences rassemblent acteurs industriels, représentants agricoles et experts, avec pour objectif de renforcer la souveraineté alimentaire de la France face aux enjeux géopolitiques, climatiques et économiques.
1.Un fonds souverain agricole
Annie Genevard a présenté l’idée d’un fonds souverain agricole, destiné à permettre aux épargnants et aux acteurs économiques de soutenir directement l’agriculture et de sécuriser les approvisionnements. Ce fonds serait indépendant des dispositifs existants et s’inspire de projets passés, comme le livret Agri proposé par Laurent Duplomb en 2024 ou le fonds public-privé présenté par le député Jean-Baptiste Moreau en 2018 pour moderniser les exploitations. L’objectif est de faciliter le financement des exploitations et d’accompagner le renouvellement des générations dans le secteur agricole. Selon le ministère, ce dispositif pourrait également mobiliser les acteurs de l’aval et de la distribution pour soutenir leurs fournisseurs.
2. L’imminence d’une guerre agricole
Le 8 décembre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, affirme : « Si nous sommes réunis ici, c’est que la guerre agricole se prépare », des paroles qui ont donné le coup d’envoi des Conférences de la souveraineté alimentaire au marché du gros à Rungis.
Les tensions mondiales mettent fin à une prospérité durable.
- guerre en Ukraine
- politique commerciales américaines
- politique commerciales chinoises
- la pression climatique
- la pression démographique
Elle a appelé à un "grand réveil alimentaire" et à se préparer à une économie de guerre agricole, dans laquelle les agriculteurs seraient en première ligne. Elle a également insisté sur la nécessité de produire davantage, rejetant les critiques sur le productivisme, qu’elle considère comme une trahison de la nation.
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3. Agir sur les pesticides
Annie Genevard a menacé de prendre des mesures nationales sur les limites maximales de résidus (LMR) de pesticides si l’Union européenne n’adoptait pas rapidement de règles harmonisées. Les clauses de sauvegarde d’urgence, déjà utilisées pour certaines productions, pourraient être mobilisées pour protéger les agriculteurs français contre les importations contenant des substances interdites dans l’UE. La Commission européenne doit présenter un paquet de simplification des règles de sûreté alimentaire le 16 décembre, incluant la fixation de LMR pour les substances les plus dangereuses.
4. Cantines publiques plus locales et durables
La ministre a annoncé vouloir rehausser les objectifs de la loi Egalim, adoptée en 2018, pour encourager un approvisionnement plus local, durable et de qualité dans les cantines publiques. Elle souhaite que l’État montre l’exemple, notamment dans ses propres administrations centrales, et prévoit de proposer cette réforme dès janvier. Les derniers chiffres disponibles pour 2024 indiquent une légère baisse des produits bio, mais une augmentation des produits durables et de qualité. Par ailleurs, le nombre de cantines participant à la déclaration de leurs achats a doublé par rapport à 2024, même si les données restent partielles en raison de la télédéclaration volontaire.
5. L’éducation à l’alimentation, une nouvelle Grande cause nationale
Annie Genevard a proposé au Premier ministre de faire de l’éducation à l’alimentation la Grande cause nationale 2026. Ce label permettrait de financer des campagnes de sensibilisation dans tout le pays, en ciblant prioritairement les jeunes, et d’assurer une diffusion gratuite sur les radios et télévisions publiques. L’objectif est de promouvoir une meilleure connaissance et pratique de l’alimentation saine et de mettre cette thématique au cœur du débat public. Cette initiative s’inspire de l’avis du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publié en avril 2025.
Les conférences visent à préparer l’agriculture française aux défis géopolitiques, climatiques et économiques en impliquant État, producteurs et industriels. Elles mettent l’accent sur le financement des filières, la transparence, la durabilité et l’éducation à l’alimentation afin de renforcer la résilience et la qualité du système alimentaire français.
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