Modernisation, souveraineté, transmission : 257 millions d’euros investis pour transformer l’agriculture française

Publié le 2 juillet 2025 par Ousémi Horsfall

 La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, vient d’annoncer un redéploiement massif de 257 millions d’euros issus de crédits européens non consommés en 2023 et 2024. Cette replanification marque une volonté de soutenir prioritairement l’agriculture biologique, le renouvellement des générations, la souveraineté alimentaire et l’adaptation au changement climatique.


Agriculture biologique : la priorité absolue

L’agriculture bio est la grande bénéficiaire de cette opération. Au total, 100 millions d’euros sont fléchés spécifiquement pour soutenir les exploitations et renforcer leur compétitivité.

Revalorisation de l’écorégime bio

L’écorégime spécifique au bio passe :

  • de 96 €/ha en 2024,
  • à 110 €/ha en 2026 et 2027.

Ce rehaussement redonne de la visibilité et un signal positif aux producteurs qui ont souffert d’une baisse de consommation et d’une pression économique accrue.

Nouveau programme opérationnel « lait bio »

Un programme dédié au lait bio est créé :

  • 5 M€ en 2026
  • 7 M€ en 2027.

Objectif : structurer la filière, stabiliser les revenus et mieux piloter le marché, particulièrement touché par la crise récente.



Miser sur le renouvellement des générations

Face au mur des départs en retraite (près de la moitié des agriculteurs d’ici 10 ans), le gouvernement renforce les aides aux jeunes agriculteurs.

  • Revalorisation de l’ACJA (+25%)

L’Aide complémentaire au revenu des jeunes agriculteurs voit son enveloppe augmenter de 55 M€ sur deux ans. Cette hausse de 25% devrait inciter davantage de jeunes à s’installer et à maintenir une agriculture vivante dans les territoires.

  • Soutien aux petites exploitations

L’aide redistributive, qui cible les 52 premiers hectares, reçoit un complément de 20 M€, afin de consolider la trésorerie des petites et moyennes fermes.


 Réduire la dépendance aux importations

La reprogrammation prévoit un soutien renforcé aux filières stratégiques en perte de souveraineté.

Filière blé dur

Le blé dur, essentiel pour la filière pâtes, bénéficie d’une revalorisation de :

7,5 M€ par an,

soit 15 M€ au total.

Ces aides permettront de doubler les montants actuels et de soutenir les producteurs dans les zones historiques.

Filière ovine

La filière ovine, qui ne couvre qu’environ 50% des besoins nationaux, obtient :

7,6 M€ par an, soit 15,2 M€ au total.

Ces financements visent à faire face aux difficultés conjoncturelles (épidémies) et structurelles.

Filière houblon

Le houblon, culture encore fragile en France, voit son soutien augmenter de : 100 000 € par an.




Aider les territoires herbagers et intermédiaires

Les zones herbivores et intermédiaires subissent un contexte économique difficile et des aléas climatiques plus fréquents.

Pour accompagner leur transition :

  • 33 M€ sont alloués aux Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC).
  • Ces aides encouragent la production à l’herbe et les pratiques durables.

Ces mesures viennent compléter les 150 M€ déjà mobilisés en début de programmation.


Investir dans la modernisation et la transition

34 M€ supplémentaires du FEADER sont affectés aux projets d’investissement :

  • Modernisation des bâtiments et des outils de production.
  • Gestion durable de l’eau et adaptation au climat.
  • Compétitivité des filières menacées par la déprise agricole.

Les Régions et l’État travailleront ensemble pour orienter ces crédits de manière ciblée.



 Replanification des programmes opérationnels

Certains secteurs bénéficieront de reliquats réaffectés :

  • Horticulture : +1,8 M€ sur deux ans.
  • Lapin : +0,3 M€.
  • Fourrages séchés : +2 M€.

Le reste des fonds ira aux paiements directs pour maximiser leur impact. Pour la ministre Annie Genevard : « Il ne s’agit pas d’opposer les modèles agricoles, mais de les mobiliser collectivement pour assurer l’avenir de la Ferme France. »

Cette reprogrammation s’inscrit dans la dynamique de la nouvelle Loi d’orientation agricole, avec 4 grandes priorités :

  1. Souveraineté alimentaire.
  2. Renouvellement des générations.
  3. Transition écologique.
  4. Accompagnement des investissements.

Les crédits européens viennent compléter les dispositifs nationaux déjà en place, comme le crédit d’impôt bio reconduit en 2025, à hauteur de 4 500 € par an.


Avec ces 257 millions d’euros réorientés, l’agriculture française se donne les moyens d’avancer. Cette décision fait suite aux récentes orientations stratégiques proclamées par la ministre en avril dernier, lors de la conférence dédiée à la PAC post-2027. Entre soutien au bio, aide aux jeunes et modernisation des fermes, ces mesures viennent renforcer la confiance et préparer l’avenir. Un pas concret pour rendre nos exploitations plus résilientes, attractives et prêtes à relever les défis de demain.