Sommet de l’Élevage 2025 : On vous résume la conférence de presse au Ministère de l'agriculture
Mardi 3 juin 2025, la conférence de presse du Sommet de l’Élevage s’est tenue au ministère de l’Agriculture à Paris, marquant le lancement officiel de l’édition 2025. Un événement à forte portée symbolique et stratégique, dans un contexte de mutation profonde du monde agricole. Retour sur les grandes lignes de cette rencontre rythmée par trois tables rondes thématiques, en présence de 800 participants de 80 pays connectés et de 70 invités sur place. Cet article revient sur les temps forts de cette conférence, en explorant successivement les trois grands thèmes débattus lors des tables rondes.
Répondre aux grands défis agricoles de demain : transition, attractivité et innovation
Victor Berthon, Jacques Chazalet et Benoît Delaloy
La recherche et la technologie sont des leviers de compétitivité, d’efficacité et de durabilité pour les exploitations. Cette première table ronde s’est attachée à dresser un panorama des défis auxquels l’élevage est confronté dans la décennie à venir et des actions mises en place pour y répondre. Dès l’ouverture de cette dernière, Jacques Chazalet, président du Sommet, a rappelé la vocation de l’événement : offrir une plateforme d’échange, solutions et d'innovation pour les filières d’élevage, au cœur des transitions agricoles et climatiques. Le Sommet de l'élevage veut se positionner comme un accélérateur de solutions en mettant en avant les innovations techniques à travers les trophées des Sommet d’Or, une agora qui sera dédiée à la transition énergétique, et un village de start-up baptisé "Grange Innovation".
Un autre enjeu central est d'attirer une nouvelle génération de professionnels de l'élevage durable. L’édition 2025 souhaite revêtir un visage moderne, accessible et désirable de l’élevage. La mise en avant des initiatives de jeunes, la valorisation des innovations et des outils numériques (concours connectés, médias digitaux, réseaux professionnels...) concourent à cette volonté.
Enfin, le Sommet affirme de plus en plus son rôle de connecteur qui se décline en plusieurs aspects :
- Vecteur commercial : En réunissant plusieurs centaines d’exposants et en mettant en relation les entreprises du secteur avec leurs clients, partenaires et prospects, le salon constitue un carrefour d’affaires stratégique pour l’élevage.
- Vecteur informatif : Grâce aux conférences, plateaux TV, rings de démonstration et espaces de débat, il diffuse les tendances, les innovations et les enjeux clés de la filière auprès d’un large public professionnel.
- Vecteur social : Créant des espaces de rencontre conviviaux, le Sommet de l'Elevage favorise les échanges entre éleveurs, jeunes installés, étudiants, élus et acteurs du territoire, ce qui contribue à renforcer le lien humain au cœur du monde agricole.
Un triple objectif soutenu et incarné par le Comptoir des éleveurs depuis sa création en 2023, comme l'a souligné Victor Berthon, directeur du développement et du digital au Sommet de l'élevage.
Systèmes herbagers : entre fragilités climatiques et modèles d’avenir
La 2ème table ronde s’est concentrée sur les systèmes herbagers, modèles emblématiques du Massif central et de l’élevage extensif en France. Dans un contexte de plus en plus incertain sur le plan climatique, leur résilience est scrutée de près. Ces systèmes, basés sur l’exploitation des prairies naturelles et temporaires, valorisent l’herbe et permettent une relative autonomie alimentaire. Pour René Baumont, directeur de recherche à l’INRAE, l’élevage herbager bénéficie d’une bonne image dans l’opinion publique, mais les éleveurs eux-mêmes doivent parfois être convaincus de sa valeur stratégique.
En cela, le pastoralisme a été largement mis en avant, notamment par Richard Randanne, éleveur ovin. Ce dernier a rappelé qu’il s’agit d’un mode de production qui représente 22 % du cheptel français et qui contribue à l’entretien des paysages, à la prévention des risques naturels et au dynamisme territorial (notamment au tourisme avec la conservation des grandes plaines). L'année mondiale du pastoralisme, prévue en 2026, viendra renforcer cette reconnaissance.
> Pour en savoir plus sur le pastoralisme, c'est ici !
Mais les systèmes herbagers présentent aussi des vulnérabilités : l'hyper-dépendance à la pousse de l’herbe, la variabilité accrue des rendements due aux forts changements climatiques, ou encore la nécessité d’une conduite technique très fine.
Là encore, la question du renouvellement générationnel reste cruciale dans la préservation du modèle : comment transmettre ces pratiques à des jeunes, souvent extérieurs au monde agricole ? Parmi les leviers évoqués :
- mutualisation du foncier
- création de coopératives
- ouverture des groupements pastoraux
- valorisation du cadre de vie et du travail au contact des animaux.
Le défi reste de concilier aspiration à l’autonomie et conditions de vie acceptables, dans un secteur encore marqué par des revenus modestes et des astreintes importantes.
Le Maroc à l’honneur : résilience agricole et partenariat stratégique
Le Maroc est le pays à l'honneur au Sommet de l'élevage 2025
La dernière séquence de la conférence de presse était consacrée au pays à l’honneur du Sommet 2025 : le Maroc. L’ambassadrice du Royaume en France, Mme Samira Sitail, est revenue sur les grands enjeux agricoles du pays, marqué par une situation climatique critique et une volonté forte de transformation. Avec 14 % du PIB et 40 % des emplois liés à l’agriculture , le Maroc mise sur l’élevage pour renforcer sa souveraineté alimentaire. Le pays compte près d’1 million d’éleveurs, souvent à la tête de petites et moyennes structures.
Le plan Maroc Vert lancé en 2008, et le programme Génération Green lancé en 2020, ont structuré une politique agricole ambitieuse. L’objectif de ces initiatives ? Renforcer la valeur ajoutée, moderniser les pratiques, attirer la jeunesse vers le secteur et assurer une plus grande résilience face aux sécheresses à répétition. Pour faire face à ce stress hydrique, le roi du Maroc a mobilisé un plan d’urgence de 620 millions de dirhams.
> CLiquez ici pour voir ou revoir la vidéo de notre visite au SIAM 2025 : le plus grand salon agricole du continent africain !
Cinq axes prioritaires ont été présentés lors de la conférence répondre aux grands enjeux auxquels doit répondre le Maroc :
- Rééchelonnement de la dette des éleveurs dans le but de soutenir plus de 50 00 éleveurs
- Soutien au prix des aliments du bétail (budget : plus de 250 millions d’euros)
- Préservation des femelles reproductrices
- Soutien direct aux éleveurs avec 40 euros par tête de bétail (budget : 15 millions d’euros)
- Création de plateformes d’insémination (budget : 5 millions d’euros)
La coopération agricole entre la France et le Maroc s’inscrit dans une dynamique ancienne, nourrie par plus de 40 accords dans différents secteurs. Elle se prolonge à travers des dispositifs de formation, d’accueil d’étudiants marocains en France, et de coopération triangulaire avec l’Afrique subsaharienne. Le stand marocain au Sommet 2025, d’une surface de 170 m², symbolisera cette ambition commune, renforcée en amont lors de la visite du SIAM en avril 2025 par la délégation française.
La vision politique portée par la ministre de l’Agriculture
Annie Genevard - Conférence de presse du 3 juin 2025
La ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, a également livré un discours engagé.
"L’élevage constitue une force structurante de l'économie, une richesse pour les territoires et un élément central de la culture française, (...) et doit retrouver toute sa place dans notre stratégie agricole."
Face à une consommation qui évolue, à une perte de moitié du nombre d’exploitations en vingt ans, et à une pression concurrentielle internationale forte, la ministre a plaidé pour la réduction des importations issues de pays ne respectant pas nos normes sanitaires et de bien-être animal, qualifiant ce défi de "combat d’équité, de cohérence, de responsabilité et de réciprocité".
Enfin, cette dernière a insisté sur la nécessité de garantir la rentabilité des exploitations pour créer des perspectives, favoriser le renouvellement des générations et renforcer l’attractivité des métiers de l’élevage.
Le mot de la fin
Le Sommet de l’Élevage 2025 s’affirme comme un événement pivot pour penser l’avenir de l’élevage. Il fédère les énergies, valorise les innovations, interpelle les décideurs et donne la parole aux éleveurs. En s’inscrivant pleinement dans les grandes transitions agricoles, il confirme sa place de carrefour stratégique pour le monde rural. L’édition 2025, du 7 au 10 octobre, s’annonce à la fois ambitieuse, ouverte à l’international et résolument tournée vers l’action.